Mon enfant se masturbe : comment réagir efficacement ?

«Dès tout petit, Lorenzo aimait jouer avec son pénis pendant le bain ou au moment de changer sa couche, dès qu’il en avait l’occasion en fait !», «À environ 15 mois, Amélie se tendait brusquement dans sa poussette. Au début, cela nous a préoccupés, mais on a vite réalisé que notre petite fille se faisait plaisir. Cela nous a rassurés !», «Emma s’amuse énergiquement sur son cheval à bascule reçu pour ses 3 ans. J’ai remarqué qu’elle se procurait du plaisir en se frottant. Je sais que c’est normal, mais je dois avouer que cela me met mal à l’aise et je me suis demandée où elle avait appris ça !» Entre amusement, malaise, surprise et questionnements… Les premières manifestations de la sexualité chez les enfants, surtout l’auto-stimulation, suscitent beaucoup de réactions chez les parents.

La masturbation commence plus tôt dans la vie d’un enfant que ce qu’on pourrait penser. En effet, les garçons commencent à explorer leurs organes génitaux dès l’âge de 8 mois, tandis que chez les filles, cela commence généralement vers 12 mois. En moyenne, la masturbation commence à se manifester vers les 20 mois de l’enfant.

Malgré l’évolution de la société et l’obsolescence des discours autrefois négatifs et culpabilisants sur la masturbation, des traces subsistent dans l’inconscient collectif. Béatrice Copper-Royer observe : «Les parents restent souvent mal à l’aise, parfois même embarrassés, car la masturbation a été longtemps perçue comme un comportement déviant et a été interdite pendant des générations. Savoir comment réagir, adopter la bonne attitude et trouver les mots justes face à la masturbation de leur petit, c’est complexe et parfois encore tabou. Ils pensent encore que leurs enfants obtiendront des informations par eux-mêmes ou avec leurs amis à l’école.»

Oui, c’est tout à fait normal ! Comme le précise la psychologue : «La curiosité des enfants les amène à découvrir par hasard que le frottement de leurs organes génitaux procure du plaisir. Après cette agréable découverte, ils cherchent à retrouver cette sensation. Cela fait partie des comportements normaux d’exploration du corps.» La sexualité des enfants commence donc avec la découverte naturelle des sensations corporelles. L’autostimulation est un moyen d’éprouver du plaisir, de se détendre et de mieux gérer le stress, favorisant ainsi l’endormissement. En somme, que des aspects positifs !

Après avoir été rassurés sur la normalité de ce comportement, les parents se posent logiquement la question de la réaction appropriée lorsqu’ils remarquent que leur enfant se caresse en regardant son dessin animé préféré au salon. Selon Béatrice Copper-Royer, il suffit de répondre simplement et naturellement qu’il est important de respecter la pudeur : «Tu as parfaitement le droit de toucher ton zizi ou ta fleur (ou le terme que vous préférez) et de trouver cela agréable. Ton corps t’appartient. Mais cela doit se faire dans ta chambre, seul, et non devant tout le monde.»

L’enseignement de la notion d’intimité à l’enfant est crucial, non par pruderie, mais par respect pour lui-même et pour autrui. Lorsqu’un enfant se masturbe, il se concentre sur lui-même, c’est une activité solitaire qui doit rester personnelle et non partagée avec autrui. Utilisez des termes simples et clairs pour parler de ses organes génitaux. Pénis, zizi, clitoris, zézette, petit oiseau, vulve, zigounette, foufoune, fleur… L’important est qu’il comprenne bien ce dont vous parlez et que vous soyez à l’aise avec ces termes.

Outre cette clarification sur la nécessité de se retirer des regards, évitez tout jugement de valeur. Ne dites ni que c’est dégoûtant, ni que c’est bien, ni que c’est drôle, ni que c’est bénéfique pour la santé ! Si vous exprimez des commentaires admiratifs tels que : «Quel tempérament, ça promet pour plus tard !», vous encouragez votre enfant à exhiber fièrement son sexe, et vous risquez de provoquer chez lui une excitation, voire un trouble lié au fait d’être observé dans une situation « exhibitionniste ».

Bien sûr, les menaces du type «Si tu continues, tu auras des problèmes avec moi» sont totalement proscrites car elles instillent dans l’esprit du tout-petit l’idée que se faire plaisir est mal. Ce qui est précisément le contraire du message que vous souhaitez transmettre à votre enfant !

Comme mentionné, le comportement masturbatoire est une activité saine et naturelle qui n’est pas dangereuse pour l’enfant, sauf lorsqu’elle devient compulsive. Un enfant de 3 à 6 ans qui se caresse de manière excessive pourrait souffrir d’une grande anxiété. Si cette habitude envahissante s’accompagne d’autres signes d’angoisse, tels qu’un repli sur soi ou une grande irritabilité, il serait judicieux de consulter un pédiatre ou un pédopsychiatre. Une masturbation excessive peut aussi indiquer que l’enfant n’est pas suffisamment stimulé intellectuellement, qu’il s’ennuie ou qu’il manque d’affection et de tendresse.

Si la masturbation est compulsive et exhibitionniste, c’est-à-dire que l’enfant se caresse fréquemment en public malgré les rappels que cette activité doit se pratiquer en privé, ou s’il utilise des objets, des poupées, des peluches de manière explicitement sexuelle, il est alors nécessaire de s’interroger sur la possibilité d’attouchements sexuels ou d’une exposition précoce à des images pornographiques. Dans ce cas, il est crucial de consulter rapidement les spécialistes de la Protection Maternelle et Infantile qui sauront comment procéder dans cette situation potentiellement dangereuse pour l’enfant.