Réaliser le jeûne du Ramadan tout en allaitant : est-ce possible et sans risque ?
Durant le Ramadan, un mois sacré pour les musulmans, les femmes qui allaitent se posent souvent la question de la compatibilité de leur jeûne avec l’allaitement. Peuvent-elles poursuivre l’allaitement sans mettre en danger leur santé ou celle de leur bébé ? L’avis de la pédiatre Edwige Antier est sollicité pour éclairer cette problématique.
Dans la pratique de l’Islam, il est courant de dispenser de jeûne les femmes en période d’allaitement, à l’instar des femmes enceintes ou des personnes malades. Cependant, certaines mères désirent jeûner tout en continuant d’allaiter. Quels sont les risques et possibilités dans ce cas précis ?
Le jeûne pendant l’allaitement : une femme peut-elle jeûner ? Quels sont les risques principaux ?
Edwige Antier souligne l’importance d’une consultation médicale avant de prendre la décision de jeûner tout en allaitant, surtout si le bébé présente certaines vulnérabilités comme une naissance prématurée, des problèmes de croissance, une carence en fer, ou des troubles digestifs. Le jeûne pourrait en effet affecter négativement la santé de la mère dans ces cas.
Risques pour le bébé durant le jeûne : allaitement mixte ou exclusif
E.A. : Pour un nourrisson de 0 à 6 mois, exclusivement nourri au sein, l’apport en nutriments essentiels du lait maternel est crucial pour son développement cérébral et physique. Si la mère jeûne uniquement durant le jour et compense la nuit, elle pourra produire assez de lait. Cependant, il se peut que le bébé ne reçoive pas assez de fer ou de calcium, d’où l’importance de consulter un médecin.
Pour un bébé plus âgé déjà en période de diversification alimentaire ou pour ceux qui sont en allaitement mixte, il est crucial de surveiller l’équilibre nutritionnel des aliments complémentaires pour éviter les carences.
Quels sont les dangers pour la mère qui jeûne tout en allaitant ?
E.A. : La mère risque de s’affaiblir et de développer des carences affectant ses os, ses dents, et ses cheveux car le bébé extrait ce dont il a besoin. Dans les cas d’allaitement mixte ou d’alimentation diversifiée, bien que le risque de carence soit réduit, il n’est pas négligeable pour autant pour le bébé comme pour la mère.
Impact du jeûne sur la production de lait maternel : couvre-t-il les besoins du bébé ?
E.A. : Les recherches actuelles indiquent que la qualité du lait maternel n’est pas compromis par le jeûne. Toutefois, la production de lait se fait au détriment de la santé de la mère. Ce système peut être viable sur une courte période si la mère compense adéquatement durant la nuit.
Quels signes indiquent que l’enfant n’est pas suffisamment nourri ?
E.A. : Un enfant qui n’est pas rassasié réclamera plus souvent le sein, pleurera fréquemment et montrera un désir constant de téter pour stimuler la production de lait. Si ces signes sont ignorés, la santé du bébé pourrait se détériorer de manière significative.
Que faire si le nouveau-né a un grand appétit ?
E.A. : Si l’enfant est déjà dans une phase de diversification alimentaire, il faudra compléter l’allaitement avec une alimentation variée et équilibrée. Pour un très jeune bébé, il peut être nécessaire de compléter avec des biberons pour assurer une alimentation suffisante, tout en veillant à maintenir l’allaitement maternel.
Alimentation de la femme allaitante durant le Ramadan : quels sont les conseils ?
E.A. : Il est conseillé de consommer de l’eau, du lait et des produits laitiers pour les apports en calcium et en protéines, ainsi que de la viande pour le fer.
La femme doit-elle augmenter sa consommation de nourriture et de boisson pendant le Ramadan ?
E.A. : Il est essentiel que la femme compense pendant la nuit ce qu’elle aurait normalement consommé durant le jour pour maintenir une production de lait adéquate et de qualité.
Témoignage : « Je fais le Ramadan tout en allaitant ! »
Une mère partage son expérience de jeûne pendant l’allaitement de sa fille de trois mois et demi : « J’ai choisi de jeûner malgré l’allaitement car nous sommes en bonne santé. Bien que l’Islam permette aux femmes allaitantes de ne pas jeûner, j’ai voulu tenter l’expérience, me disant que je pourrais toujours arrêter si nécessaire. »
Elle ajoute : « Au début, j’ai dû interrompre le jeûne deux fois à cause de la fatigue et d’une baisse de la production de lait. J’ai modifié mon alimentation en consommant des dattes et des fruits secs le matin, et en buvant une tisane de fenouil et de fenugrec le soir, ce qui m’a aidée à tenir. Je m’efforce de limiter mes activités pour ne pas m’épuiser. Si je ressens un changement chez moi ou chez ma fille, je n’hésiterai pas à rompre le jeûne pour préserver notre santé. »
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