Comment traiter efficacement une candidose mammaire durant l’allaitement?

Si vous observez une rougeur et une irritation de votre mamelon, accompagnées d’une sensation de brûlure lors de l’allaitement, il se pourrait que vous soyez atteinte de candidose mammaire. Également connue sous le nom de mycose mammaire, cette affection est une « infection de la peau du sein par un champignon nommé Candida albicans« , selon Joséphine Catusse. Ce micro-organisme est naturellement présent dans le corps mais peut se multiplier « jusqu’à affecter la glande mammaire » si aucun traitement n’est appliqué.

La candidose mammaire est une infection fongique causée par une levure, spécifiquement le Candida albicans. « C’est le même champignon responsable des mycoses vaginales. » Ce champignon est naturellement présent dans la bouche, le microbiote et la flore vaginale, et peut proliférer sur le mamelon et l’aréole.

Cette affection ne découle pas de l’hygiène pendant l’allaitement et est plus commune qu’on ne le pense, bien qu’elle soit souvent diagnostiquée tardivement en raison de ses symptômes parfois peu visibles.

Important : il est essentiel de ne pas confondre la candidose mammaire avec une mastite, qui est caractérisée par une douleur englobant tout le sein et accompagnée d’autres symptômes tels que des courbatures ou de la fièvre.

Le principal indicateur de la candidose mammaire est une douleur aiguë au niveau des mamelons, ressemblant à une sensation de brûlure ou de piqûres d’aiguilles, avec des douleurs irradiantes pouvant s’étendre à l’intérieur du sein et parfois jusqu’à l’aisselle si l’infection se propage le long des canaux lactifères. « On remarque souvent des picotements ou de petites décharges électriques« , explique Joséphine Catusse. La douleur est persistante, devenant plus intense à la fin de l’allaitement et juste après.

Les mamelons apparaissent gonflés, rosés et brillants, avec de grandes plaques rouges aux contours irréguliers. Des démangeaisons peuvent également se faire sentir, et il est possible d’observer des petits boutons semblables à ceux de l’eczéma.

À savoir : la douleur liée à la candidose se distingue de celle provoquée par les crevasses, car elle cesse lorsque l’allaitement est interrompu.

Bien que la mycose n’altère ni le goût ni la qualité du lait maternel, le bébé peut être contaminé et présenter une candidose buccale, menant à la formation de dépôts blanchâtres dans sa bouche, connus sous le nom de muguet. Cela peut le rendre irritable. Il peut également présenter une rougeur notable au niveau des fesses, caractéristique d’un érythème fessier.

À noter : il n’y a pas d’impact sur le fœtus en cas de candidose mammaire durant une grossesse.

La cause principale est la levure Candida albicans, qui en présence de certains facteurs, prolifère anormalement et devient pathogène. « Cela peut être dû à un déséquilibre de la flore, tout comme on observe avec les flores digestive et vaginale, nous avons également une flore cutanée« , souligne Joséphine Catusse.

Normalement présente en quantité modérée dans le système digestif, buccal et génital, la Candida peut se développer excessivement en cas de déséquilibre du microbiote, souvent à cause de l’utilisation d’antibiotiques, d’une maladie ou de la fatigue, abaissant les défenses immunitaires, ou à cause de médicaments contenant de fortes doses d’œstrogènes. « Les bons germes, qui devraient combattre les agents pathogènes, peuvent être en sous-nombre, laissant le champ libre à la prolifération du Candida albicans« , ajoute la sage-femme.

Si vous avez une mycose vaginale, généralement causée par Candida albicans, il est possible de contaminer votre bébé lors de l’accouchement, qui peut ensuite vous la transmettre pendant l’allaitement. « La transmission peut également se faire de la bouche du bébé vers le sein de la mère et vice versa« , assure la sage-femme.

« Dès l’apparition des premiers signes d’inconfort, il est recommandé de consulter une sage-femme ou un gynécologue pour établir un diagnostic, empêcher la mycose de se propager et obtenir un traitement approprié« , conseille Joséphine Catusse.

En cas de mycose bien établie, un traitement antifongique local est prescrit, sous forme de crème ou de gel à appliquer directement sur le mamelon après chaque tétée. « Si le bébé présente un muguet, un traitement antifongique oral lui sera également prescrit« , ajoute-t-elle.

Si ces traitements ne sont pas suffisants, un traitement par fluconazole, plus puissant, peut être envisagé. Cependant, ce médicament passe dans le lait maternel. Il est donc possible de continuer à allaiter après la prise d’une dose unique de 150 mg. Au-delà, il est recommandé de stopper l’allaitement. Le traitement dure généralement une semaine. « Parfois, en raison de la fatigue ou des changements hormonaux, la guérison peut prendre plus de temps. »

En complément du traitement, l’hygiène est primordiale : il est conseillé de laver ses seins et ses mains avant et après chaque tétée, bien que « les champignons ne soient pas éliminés simplement avec de l’eau et du savon« , rappelle la sage-femme. « Il est également important de veiller à la stérilisation du matériel en contact avec la bouche du bébé« , y compris les draps, soutiens-gorge, peluches, serviettes, tire-lait, anneaux de dentition, etc. De plus, une attention particulière à l’alimentation peut aider, en évitant les aliments trop sucrés ou acides. Parfois, la prise de probiotiques peut favoriser un rééquilibrage de la flore intestinale et prévenir les récidives. Pour cela, les conseils d’un naturopathe peuvent être précieux !

Le violet de gentiane, un colorant chimique, est parfois utilisé dans le traitement de certaines candidoses. Toutefois, dans une note de 2022, l’ANSM met en garde contre son utilisation, car il peut être « ingéré par le nouveau-né lors de l’allaitement » et être « dangereux pour le nourrisson s’il est utilisé plus de 7 jours ou à des dosages élevés« . L’agence recommande de « ne pas utiliser le violet de gentiane en première intention pour traiter la candidose mammaire chez une femme allaitante, et de privilégier les médicaments antifongiques après confirmation du diagnostic par un médecin« .